L'histoire du coming out d'aurore
Je suis née dans le Tarn, au cœur de la région Occitanie, où la communauté LGBT est quasi inexistante. Avant mes 14 ans, l’homosexualité était un sujet que je connaissais à peine, et encore, seulement à travers des bribes à la télé. En grandissant, j’avais un style qu’on qualifierait de « garçon manqué ». À l’époque, je ne me rendais pas vraiment compte que ça me différenciait des autres filles. Je pensais juste être en retard, que mes goûts pour les bijoux et les sacs à main viendraient plus tard, peut-être en devenant adulte ou même maman.
Mon enfance dans un environnement non inclusif
Avec le recul, je réalise que je jugeais un peu les filles de mon entourage. Je trouvais plus de points communs avec les garçons. Les filles me semblaient manquer de courage : elles refusaient de jouer au foot, ne voulaient pas se salir, avaient peur de sauter des rochers… À cet âge-là, j’avais déjà cette impression que, dans notre société, être une femme signifiait souvent devoir se restreindre. Pourtant, je ne me suis jamais sentie garçon. J’étais fière d’être une fille, mais je ne voulais pas de cette image de « girly » qu’on essayait de m’imposer.
Je ne souhaitais pas être un garçon, je ne voulais pas non plus être super girly
Je pense que régulièrement, je me suis senti confuse de ne pas apprécier un cadeau parce qu’il était trop girly, parce qu’il brille, parce qu’il y a plein de fleurs. Je savais que l’intégralité de mes copines serait heureuse de recevoir ce même cadeau, et je savais déjà que mon entourage souhaitait me faire plaisir. Mon rêve à cet âge-là, c’était d’être libre, de faire ce que je voulais, de voyager, faire le tour du monde. Quand est arrivée l’adolescence, je n’avais plus qu’un mot à la bouche « à 18 ans, je partirais ». C’est ainsi que je suis rentré dans l’adolescence, avec une seule idée en tête : partir.
Ma première relation avec une fille
Ma première relation avec une fille est arrivée de 3ème, j’étais dans une classe justement très Girly, mais une fille se démarquait de l’ensemble. Et c’est ça, je crois, qui m’a désarmé. Pour la première fois, je rencontrais quelqu’un qui osait vraiment, qui avait l’air de s’en foutre complètement de l’avis des gens. Mais bizarrement, au premier instant, j’avais une sensation de rejet de cette personne, elle suscitait en moi quelque chose que je ne comprenais pas. C’était devenu tellement intense en moi l’idée que je devais connaitre cette personne et être amie avec elle. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de devenir son amie, puis après naturellement j’ai commencé à ressentir des sentiments pour elle et je voulais que l’on soit plus.
Mais j’aime les filles ? Est-ce mon coming out ?
Lors de notre premier baiser, j’ai finalement ressenti ce fameux sentiment et là j’ai compris. Après ce baiser, je me suis posé approximativement 6 000 questions… Attends mais comment ça ? Mais c’est pour toute la vie ? Est-ce que je suis en train de faire un coming out ? Du coup, je vais jamais avoir de mari et d’enfants ? Est-ce que je vais être puni pour ça ? Est-ce que c’est lié uniquement à cette personne ? Est-ce que c’est sale ? Est-ce que c’est grave ? Est-ce que c’est une maladie ?
Faire face aux doutes et s’accepter
Mon attirance envers les filles venait de m’exploser au visage, et tout me semblait tellement plus clair. Malgré ce flou, cet inconnu, j’arrivais à remonter le temps dans mon esprit et comprendre enfin tous les signes que j’avais eu sur mon chemin jusque-là. Je crois que le plus dur dans mon coming out, pour être tout à fait honnête, ce n’était pas le regard des autres, mais plutôt le regard que je portais sur moi-même. Dans le monde dans lequel j’ai grandi, le sujet n’étant pas abordé, à mes yeux, je faisais forcément une bêtise.
Mon coming out : le regard des autres et ma fierté
Quelque temps après, j’ai décidé de me couper les cheveux, j’ai d’abord commencé par un côté de ma tête puis l’intégralité. Je me sentais fière, fière de représenter auprès de mon entourage proche ou éloigné ce modèle que j’aurais voulu avoir. C’est fou, mais dès lors que je me suis acceptée, j’ai vu éclore autour de moi beaucoup de gens s’accepter aussi et venir me remercier.
La priorité : s’aimer soi-même
Je sais que ça n’est pas aussi simple pour tout le monde et que malheureusement l’environnement dans lequel on évolue est différent pour tous. Mais de par mon expérience j’ai compris une chose, c’est que l’essentiel c’est de s’aimer soi. On n’est pas obligé de faire son coming out auprès de sa famille si on ne s’en sent pas capable. On n’est pas obligé de le dire à son travail si on n’en ressent pas le besoin non plus. Rien n’est identique pour tout le monde.
Une main tendue : parlons-en ensemble
Si vous cherchez aussi une personne avec qui en parler, si mon histoire vous parle, ou si vous vous sentez tout simplement seul, vous pouvez me joindre sur les réseaux sociaux. Je prendrai le temps de discuter avec chacun d’entre vous.